journal L'Alsace 1972 Camilio Mayer est mort loin de Mulhouse Enfant de la cite prince des acrobates -- colonne 1 --------- [x] Le funambule Camilio Mayer est mort à 82 ans, le 21 mai dernier à Stedten, prés de Weimar, dans l'oubli le plus complet. Nous avons appris la nouvelle d'une manière détournée. Camille Mayer, ne à Mulhouse, rue de Manchester, nous avait écrit fin 1970 une carte postale, à peu près illisible, donnant ainsi signe de vie pour la dernière fois. Natif de la Cite, il était de ces Mulhousiens qui avaient acquis une renommée mondiale. Sa vie est un véritable roman d'aventure. Mais même au loin, en Allemagne, en Amérique, si fort qu'aient pu retenir les acclamations, que les foules lui adressaient, il a su garder intact son amour pour sa Cite. Son père était commerçant. Camilio passa son enfance dans une maison qu'on peut toujours voir au coin de la rue de Pfastatt et de la rue Louise. A peine sortie de l'école il se met à travailler, à DMC d'abord, puis dans le bâtiment (il participa entre autres, à la construction du Bon Pasteur à Modenheim) jusqu'au moment ou se manifeste son gout pour l'aventure. Il part et se rend auprès de son oncle à Belfort. -- colonne 2 --------- [x] C'est la-bas qu'il fait ses premiers pas sur une corde. Il trouve bientôt un engagement dans un petit cirque qui parcourt la Franche-Comté. La France ne semble pas lui sourire. Il gagne l'Allemagne, à une époque ou l'Alsace en faisait encore partie. Il est engage par le cirque Sarrasani, auquel il devait rester fidèle une grande partie de sa vie. En 1914 il est mobilisé. Il prend part comme infirmier aux combats qui se déroulent à Dornach le 19 aout. Plus tard, il se bat en Russie, il est fait prisonnier et interne à Tachkent, puis est renvoyé en France en compagnie d'autres Alsaciens. Il refuse de s'engager dans l'armée française, pour ne pas être contraint de se battre contre des compatriotes mobilises par les Allemands. On l'emprisonne. Il s'évade. Après de multiples péripéties, il arrive en Suisse. On le refoule en Allemagne. Avec d'autres Alsaciens il revient à Mulhouse en 1918. On veut l'arrêter en raison de son évasion. Il en conçoit une telle peur qu'il retourne chez Sarrasani. Il restera plusieurs dizaines d'années loin de son pas natal. -- colonne 3 --------- [x] Camilio Mayer se spécialise dans son art. Son numéro à quarante mètres ou davantage du sol, à danser ou à faire frire des omelettes acquiert rapidement une renommée mondiale. Il le pressente. Il traverse sur une corde les grands fleuves de tous les pays: le Manzanillo à Madrid, l'Arno à Florence, le Danube à Vienne. En 1944 il se trouve à la Scala de Milan, au moment ou elle est entièrement détruite par les bombes ainsi que son parc. A Turin, les Américains lui donnent la possibilité de se produire devant leurs troupes d'occupation. Il vient d'avoir 50 ans lorsque le plus grand cirque du monde, Barnum - Ringleys, lui ouvre les bras. Pendant 15 ans, il ira de succès en succès dans le nouveau monde. Le mal du pays le prit un jour qu'il lu un reportage sur la Cite paru dans l'Alsace. Un an plus tard, il abandonne tout et revient à Mulhouse. Sa femme originaire de Turin, l'accompagne. Son fils se marie dans la région parisienne. On l'accueille à Mulhouse avec une certaine froideur, ce qui ne l'empêche pas de donner des représentations gratuites au profit des personnes âgées et des -- colonne 4 --------- [x] nécessiteux. Mais les voyages ont des attraits auxquels il ne peut résister. Il s'installe dans le pays natal de sa femme et entreprend de nouvelles tournées en Grande-Bretagne et en Hollande. La reforme monétaire opérée en Allemagne de l'Est au cours de laquelle tous ses biens sont saisis, l'oblige à vivre du revenu de l'exploitation agricole de sa femme. Il fait un dernier séjour à Mulhouse, pour y retrouver ses vieux amis. Puis il y eut des lettres, de plus en plus illisibles. Et Camilio Mayer est mort, son nom est inscrit en caractères d'or dans l'histoire du cirque. Aucune rue de la cite ou de sa ville natale ne portera sans doute jamais son nom. Seuls les Mulhousiens qui ont connu cet enfant de la cite ressentiront douloureusement la nouvelle de sa mort et lui souhaiteront de trouver la ou il est en paix qu'il n'a peut-être jamais connue le long de son chemin... Mn. -- colonne 5 ---------[x] [photo] - ---------------------------------------- fin ------------- retranscription 02.2021 / OCR impossible; résolution trop petite --- look--------------------------------------------------- 4 colonnes + 1 photo ----------------------------------------------------------- ----------------------------------------------------------- 2 grosses erreurs (texte ori) Scala de Milan = non, c'est écrit "Scala de Berlin" dans la version allemande https://fr.wikipedia.org/wiki/Scala_de_Berlin (bombardé 23.11.1943) idem une ligne après: pas question de Turin, mais Thüringen (cela change un peu) ...